Histoire d'une famille

bonjour,

il ne s'agit pas d'un conte mais d'une histoire de la vie ordinaire au Maroc, vue de l'intérieur. On est loin du rêve.

Cette histoire concerne une famille Soussie que je connais bien. Les noms de lieu et de personnes ont été évités. Ça se passe dans la région d'Aït Baha.


Vers 1920, une famille, croyante et généreuse, quoique pauvre, avait donné de la terre destinée à y implanter un souk. Ce dernier était coté et très fréquenté. Un document concernant ce geste avait été établi à l'époque. Le cadastre n'existait pas, un écrit et la parole donnée suffisaient. C'était encore le temps du calame et de l'encre.
Ce document avait été déposé dans l'école de la mosquée, seul batiment "officiel" et sûr, du village.

Lors de la colonisation française, un grand chef de la résistance avait émergé de ce village. Sa mémoire est encore honorée de nos jours.
Il fut capturé et tué. Pour punir son village natal, les français ont déplacé le souk dans le village proche.

Les batiments du souk étant désormais vides et inutiles, des "étrangers" fuyant la dure vie des montagnes environnantes sont venus s'y installer petit à petit. Des squatters, dirions-nous maintenant.

Après la colonisation, lorsque la famille a voulu récupérer son bien (le but de leur geste avait changé, il n'y avait plus de souk), le fameux document-preuve avait disparu. Impossible de remettre la main sur leur terre.
Pour le président de la commune nouvelle (le maire), il était préférable de soigner un bon nombre d'administrés, qu'il "arrose" de temps en temps, et qui, donc, voteront pour lui, lors des élections. Il avait intérêt à effacer le passé afin de conserver un poste qui ne valait que par l'existence de ce village.

Une famille, face à une centaine de personnes, ne pesait rien dans la balance. Je vous passe les tracasseries en tous genres qui se sont accumulées au fil des années.

Et le système perdure. En effet, le fils du président précédent est lui-même devenu président. Un bon job qui peut rapporter gros !!

Ce qui fait que la famille a définitivement perdu cette terre et celà, sans recours.

Mieux, les gens du village nourrissent leurs troupeaux de chêvres et moutons sur les terres de cette famille, maltraitent les arganiers, principale source de revenu. Et pour corser le tout, la décharge (poubelles) fait partie du décors.

Voilà une histoire ordinaire et courante au Maroc où celui qui détient une once de puissance peut se permettre de spolier le paysan qui ne vit qu'avec sa terre.

J'ai d'autres amis dans ce cas, du côté de Bin-el-widane et de Agdz.

rebonjour

ce n'est qu'une suggestion

si tu posais la question ici



http://jurismaroc.xooit.fr/portal.php




rené

bonjour boulanger,

tu es intarissable en adresses en tous genres !!!!!

Merci en tous cas, mais je crois que ceux qui ont été spoliés de la sorte, n'ont aucun recours. Pas de papier, pas de preuve.....

J'ai même oublié de préciser que les arrières-grands-parents de cette famille avait auparavant quitté maisons et terres de montagne lors de grandes difficultés dûes à la sécheresse, la pauvreté, pour venir s'installer sur ces terres libres, dans la plaine.

Le clou de l'histoire, c'est que même leurs terres de la montagne ont été récupérées par le nabab local de l'époque, et que les descendants de ce dernier n'ont aucun désir de les rendre.

Duster a écrit:

bonjour boulanger,

tu es intarissable en adresses en tous genres !!!!!

incroyable ! trop fort ,René !
inspecteur Gadget et Colombo réunis!

Bonne journée
Phile